Nous avons fait rapatrier les roulottes sur le terrain d' Hélène et Stéphane à Eygurande-Gardedeuilh
(Dordogne) en octobre dernier. Depuis, nous vivons dans la grande roulotte et Greet dans la roulotte papillon le temps qu'elle finisse la sienne. Toutes les semaines, chaque adulte propose des activités aux 4 enfants, souvent le matin et chaque famille s'occupe de faire l'enseignement ou non.
Grâce à une copine d'Anjou, j'ai trouvé un nouvel atelier à 7km de là qui nous sert aussi de maison, occasionnellement. Quel confort de retrouver l'eau courante, une douche et surtout une machine à laver... C'est un loft de 80m² avec poutres, parquet bois... (il est encore tôt pour mettre des photos, les cartons cachent le tout!) C'est dans le hameau de Mèneplet sur la commune de St Michel Leparon. Il a été racheté avec 50 ha de bois et prairie il y a plus d'une quinzaine d'années par 8 personnes en recherche de nature...
Nous voilà donc installés dans cette belle région pour quelques temps. Je vais pouvoir recommencer à travailler le feutre et la terre. J'ai d'ailleurs créé 2 manteaux en feutre fait main sur commande dans mon atelier à Longué (49) avant de déménager et je retrouve grand plaisir à travailler la laine.
Nous avions envie de faire ce voyage pour vivre cette aventure ensemble (Dave a fait déjà 6 voyages avec Greet, son ancienne compagne, et 1 tout seul) et aussi dans l'espoir de trouver ce lieu dont on rêve : se poser dans un espace de vie plus grand sur quelques hectares de prairies et de bois, faire notre bois, le débardage avec les chevaux, une rivière, une source, une grange pour y faire mon atelier, accueillir des roulottiers... faire un lieu de partage, de création, vivre à plusieurs tout en ayant chacun de l'intimité (1ha par famille), mutualiser la gestion du quotidien, le matériel... Dave a aussi envie de tester la permaculture...
Voilà que lundi 16 septembre, après avoir roulé 4h sous une pluie fine, nous prenons le risque de nous arrêter alors qu'il n'y a ni rivière, ni robinet, en plein milieu de la forêt de Gardedeuilh. Il va bien continuer à pleuvoir pour récupérer l'eau de pluie pour les chevaux... Eh bien, non! Le soleil pointe petit à petit son nez... Nous donnons les 20l d'eau aux chevaux, réservés pour la halte du midi, je restreins chacun pour qu'il y en ai pour les 3. On verra bien s'il pleut, au pire, on a repéré des étangs plus haut sur la carte.
Dans l'après-midi, une voiture s'arrête. Ce sont les propriétaires de ce coin de forêt (« Ah bon, ça n'était pas communal! »), ils sont ravis de nous voir ici et proposent de boire un café dans leur chalet à côté des étangs... Ils parlent de leur fille qui habite juste à côté, elle est psychothérapeute, leurs 2 fils sont déscolarisés, elle est très intéressée par la démarche de Pierre et Sophie Rabbhie, son mari a un atelier de gravure dans leur grange... « ah ouai, on a bien envie de les rencontrer! ». Le lendemain, Hélène, leur fille arrive à la roulotte avec ses enfants pour nous voir atteler. On l'invite à boire un thé, on discute... « On vit sur un terrain de 7,7ha, on se rend compte que c'est beaucoup à gérer, les enfants sont aussi un peu seuls... » « Si vous voulez vous poser quelques temps chez nous... » On se regarde avec Dave, pour l'un comme pour l'autre, le courant passe bien avec Hélène et son grand sourire. « Ok! On oublie les 3 semaines pour faire 400km, on profite de ce qui se présente.
On part tous les 5 sur la roulotte jusqu'à leur maison, accueillis à bras ouvert par Stéphane, son mari. Leur terrain est magnifique, des belles prairies, des bois, un ruisseau, une source à dégager, une immense grange... Leur maison est encore plus belle que celle que j'imaginais en dessin. C'est une belle rencontre que l'on fait là, nous avons une vision de la vie, de l'éducation assez proches. On s'aperçoit qu'on a les mêmes manières de voir une vie collective, chacun chez soi avec des gestions communes et des partages selon les envies. Nous avons parlé chacun de nos projets, de nos envies et s'ils diffèrent un peu, ils sont complémentaires.
Le soir, ils nous disent « ah bon, vous vous verriez vivre ici? » « Ben oui! À quelque chose près, c'est le lieu dont on rêvait ». « Demain matin, j'irai vous montrer des endroits où vous pourriez mettre la roulotte ».
Après quelques jours chez eux, ils nous proposent de faire un essai de 6 mois, histoire de laisser évoluer les choses tranquillement. Alors, on a commencé à couper les ronces, nettoyer avec l'aide des chevaux, puis installer la roulotte à l'orée du bois en attendant de couper les murs de ronces et des pins (alignés en très grand nombre!) pour se mettre plus à l'écart et construire une petite cabane...
Il est temps de rentrer en Anjou pour récupérer des affaires et rapatrier la roulotte demi papillon et ma chariotte/atelier...
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Vendredi 6 septembre,
Les filles retournent en début de semaine prochaine chez Greet qui s'est installée dans ma maison (enfin, la maison que ma grand-mère me prête depuis 2004) à Longué. Nous allons les inscrire à l'école vu que Greet ne préfère pas faire l'école à la maison pour l'instant. Vu que nous sommes en voyage, nous souhaitions prendre les filles un mois sur 2, comme cet été. Mais l'école primaire trouvait compliqué notre idée d'alterner la scolarisation de Rebekka, 1 mois à l'école, 1 mois école à la roulotte pendant la suite de notre voyage. Alors que faire??
Ça fait quelques temps que nous nous posions la question de continuer notre voyage vers les Pyrénées. La roulotte est très lourde pour les chevaux (1800kg pour les 2 fjord de 450kg chacun, le poids idéal étant le poids de la roulotte pour le poids du cheval!). Dave peut changer tout le système de traction pour faire un attelage à trois pour ajouter Uda, mais c'est beaucoup de boulot et il faut du matos pour le faire! Et n'allons-nous pas vendre la roulotte dans quelques temps vu qu'elle est trop lourde (en fait elle est idéale pour être posée longtemps et voyager très peu, ou alors avec des gros chevaux de trait)?? Beaucoup de questionnements et donc cette dernière histoire avec l'école nous font décider de retourner vers l'Anjou.
Allez hop, on reprend l'atlas pour faire un nouvel itinéraire dans l'autre sens. Nous avons fait 426 km depuis Troglobal jusqu'à Lougratte (Lot et Garonne)... Au moins autant de kilomètre à faire donc dans l'autre sens en 1 mois pour reprendre les filles. Nous prévoyons de faire 20 à 25 km par jour, 6 jours par semaine, un autre rythme...
Heureusement, Dave a rencontré Christophe, le cantonnier de Lougratte qui nous a proposé de poser la roulotte et les chevaux chez lui au nord de Castillonnès, le temps de ramener les filles en Anjou et régler nos affaires en Anjou. Un grand merci Christophe, un sacré personnage d'ailleurs! Nous avons de la chance aussi puisque ma mère, en visite depuis quelques jours fait un détour pour nous amené en l'Anjou avant de continuer vers la Bretagne.
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Visite au château d'Oiron, samedi 27 juillet
Plusieurs personnes m'ont parlé du château d'Oiron, notamment à mon exposition au Presbytère de Fontevraud pendant la Semaine Enchantée 2011. J'avais créé le cabinet de curiosité de Barnabé Van der Brück (je sais maintenant que ça s'écrirait Broeck pour être en Flamand correct!) qui a rappelé à une personne une invention d'un curieux animal à Oiron. J'y suis allée en vélo samedi 27 juillet. C'était un régal! On y visite le château du 16éme et ces 35 salles d'art contemporain, notamment de nombreux cabinets de curiosités très accessibles à tous... Je n'ai pas vu passer les 7 km du retour à vélo, ma tête gambergeait d'envie de créer... N'hésitez pas à faire le détour!
Vendredi 2 août
Nous sommes au sud de Poitiers à St Sauvant jusqu'à dimanche, samedi, c'est jour de repos. Et, y en a bien besoin. Ce soir, je suis naze, plus d'énergie. J'en profite pour écrire sur l'ordi. J'ai essayé de me connecter avec mon ordi à la mairie tout à l'heure, mais impossible, la clé wifi ne veut pas de lettres, que des chiffres. En arrivant au village tout à l'heure, nous nous sommes posés sur un terrain communal en face du cimetière, grand mais avec peu d'herbe. Après nous être installés bien fatigués, nous sommes allés voir à la mairie pour dire que nous étions là, sous les conseils d'un habitant. Monsieur le maire a décidé que nous n'étions pas bien là et nous a emmené sur un terrain, certes plus joli, plus arboré à côté d'un étang, mais il a fallu tout déménager. Allez, on range tout, on défait le parc des chevaux, on leur explique qu'on repart « comment ça, vous nous remettez les harnais, on y retourne? » « ouais, mais ce n'est pas pour longtemps les beaux, encore un petit effort... ». On roule 10 min, on dételle, on refait un grand parc sous les arbres et enfin, on se repose... Sur la route, ça devient plus simple. Uda fait ça vraiment bien, elle n'a plus peur des ronds métalliques en ville, moins peur des murs et des camions. Ça soulage, nous et les chevaux, elle les pousse moins. A part l'autre jour, Uda a dû (ça s'écrit comme ça? Je ne sais jamais!!) avoir peur des murs, dans une rue très étroite, j'étais sur le pont avec Dave et elle a poussé à gauche, comme d'hab! J'ai réagi un peu tard et Dave a eu beau tirer à droite avec les guides, si le type ne s'était pas avancé, on lui rentrait dedans... Bon stress, on n'a pas pris le temps de discuter avec lui, on a filé, dommage! Du coup, je trotte en ville à côté d'Uda pour la rassurer et pouvoir réagir plus vite. Ouille! les courbatures!! Dave a amélioré le système d'attache d'Uda. Il a ajouté un élastique à la corde qui relie son encolure au bas de la roulotte. Ça permet un tirage progressif et plus ou moins fort. Il a aussi rembourré de tissu et de cuir la ceinture qui lui entoure le cou, c'est plus doux... On la booste dans les montées et on la laisse tranquille sur le plat.
Lundi 5 août
Aujourd'hui, nous sommes arrêtés dans le jardin d'une famille (en photo) qu'un gars nous a indiqué sur la route. Au calme, retirés du petit village de Breuil Coiffaud (sud Deux-Sèvres). Ça change, hier nous étions au plan d'eau de Sainte Soline où tour à tour les gens du village passaient pour faire les curieux de loin ou discuter. On a même entendu en passant dans le bourg « Ils sont arrivés en roulotte aujourd'hui. Lui est Belge et elle est Française,... ». Les nouvelles vont vite! Alors après des questions toujours semblables d'hier, ça nous fait du bien. Nous allons la plupart du temps sur des terrains communaux, sauf quand on nous propose comme aujourd'hui d'aller chez quelqu'un. Nous avons déjà parcouru 170 km depuis 2 semaines de route (moins 4 jours de pause). Même en ne faisant qu'une quinzaine de km par jour en moyenne, on avance! Durant les 2 premières semaines, on voyageait avec 80l d'eau pour les chevaux; ça n'est pas suffisant vu qu'ils boivent en moyenne 40l chacun en 1 jour mais ça permet d'assurer un minimum. En fait, on trouve de l'eau à chaque endroit où on s'arrête alors depuis avant hier, on ne transporte qu'une trentaine de litres, ça leur fait ça de moins à tirer.
Vendredi 16 août
Voilà une semaine que Rebekka et Emanuëlle nous ont rejoint sur la route à Marsac. On en a profité sur ce joli coin de baignade au bord de la Charente, avec en plus un maraicher bio dans le village (ce n'est pas souvent!). Premier jour de départ avec les filles lundi 12 août. En allant faire boire les chevaux, je me rend compte qu'il manque 2 fers à Uda. On ratisse le pré et au bout d'une demi heure, les 2 fers sont retrouvés, ouf! Dave remet des clous aux fers d'Uda mais ses pieds sont un peu abimés il ne peut en remettre que 5 sur 8. Heureusement, ça tient quelques jours mais ce sera bien de lui parer bientôt les pieds pour lui faire de nouveaux trous. Nous sommes arrivés hier au bord d'une rivière à Gurat à la frontière entre Charente et Dordogne. Nous avons parcouru 280km depuis Grézillé. Ça avance quand même! Des forains sont là, une fête se prépare. On décide de se poser quelques jours et d'exposer dimanche au bric à brac. Alors, on se met à fabriquer d'autres pendentifs en terre (que l'on cuira au bois dans le brasero) avec Rebekka et Emanuëlle, Dave fabrique d'autres porte-monnaie en cuir avec des dessins de chevaux et je pense refaire des fleurs et des bracelets en feutre, des petits objets à pas cher! Je n'ai pas réussi à vendre pour l'instant sur la route, Dave, lui, a vendu un porte-monnaies. On fait des rencontres sympa, des forains d'origine gitane (souvent en couple gadjé/gitan) viennent nous parler de leur enfance en roulotte, ils sont assez nostalgiques. Après ces temps de canicule orageuse, on profite de cette douce chaleur et on a de la chance, on croise de nombreuses rivières super claires pour se baigner. Les paysages sont de plus en plus vallonnées, les routes aussi... Pour l'instant, ça se passe bien, les chevaux tirent bien et Uda aide dans les côtes.Quand ils ne trottent pas, on peut descendre pour les aider. Heureusement, on commence à avoir plus d'endurance, l'autre jour, on a commencé la route par 2 km de montée!
Mon premier chapeau en feutre avec de la laine achetée à Mouton Village. Le matin, le soleil nous tape dans les yeux...
Tant que ça va, on continue notre route vers les montagnes du sud ouest...
Celle, Uda et Ben au repos dans un champ à Saugré, à côté de Dénezé sous Doué le premier jour, lundi 22 juillet
Troisième jour chez des copains dans le presbytère de St Martin de Sanzay, face au Thouet, magnifique...
A bientôt par ici ou par là...
Les copains nous ont proposé d'exposer à leur festival Anjou feu à Martigné Briand (49) du 21 au 23 juin. Nous avons donc essayer pour la première fois de tirer la chariotte/atelier derrière la roulotte... Un convoi de 11,5m de long et 2,20 m de large... Tout s'est bien passé, 15 km en une fois en 2H30 environ! Ben et Celle ont bien tiré, nous les avons aidé un maximum dans les côtes, même les plus petites, enfin aidés, déchargés de notre poids!
Une fois arrivés, j'ai installé mes céramiques autour de la chariotte, nous avons posé la roulotte plus loin au calme et les chevaux dans un grand pré que nous a prêté Olivier Cousin (merci Olivier pour ton accueil!). Les rencontres étaient très chouettes, les gens curieux des céramiques comme de la chariotte et de la vie en roulotte. Une super rencontre aussi, Poline, qui vit et travaille dans sa roulotte, elle coud et parfois tisse sur son métier à tisser. Je conservais un article de journal sur elle depuis 2008 je crois, elle cherchait des tracteurs pour déplacer sa roulotte et son atelier tissage de l'Anjou en Bretagne. Incroyable comme la vie nous surprend, parfois des années plus tard!! Et là, elle revient d'1 an et demi de voyage à cheval avec son compagnon, 10000km à travers l'Europe... Elle est actuellement posée à Vauchrétien (49) où elle coud sur mesure : poline.bro@hotmail.fr